C’est quoi un Liard de France ? Testez vos connaissances !

livre liard de france

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Durant près de quatre siècles, le liard a circulé de main en main dans le royaume de France et au-delà, témoin silencieux des transformations économiques et sociales de l’époque. Cette modeste pièce, souvent oubliée dans l’ombre des écus et des louis d’or, raconte pourtant une histoire fascinante qui débute au XVe siècle dans le Dauphiné pour s’achever au milieu du XIXe siècle. Son étymologie, ses évolutions de valeur et sa présence dans la littérature française offrent un éclairage unique sur la vie quotidienne sous l’Ancien Régime. Plongeons ensemble dans l’histoire de cette petite monnaie qui a joué un grand rôle dans l’économie française d’autrefois.

Information importante : Cet article a pour but de fournir des informations sur le liard et ne doit en aucun cas être interprété comme une incitation à la recherche non autorisée. La découverte de telles monnaies est soumise à des réglementations spécifiques qu’il convient de respecter.

Les origines dauphinoises du liard

Le liard fait son apparition dans un contexte territorial et politique particulier qui explique ses caractéristiques initiales.

Le rattachement du Dauphiné à la France en 1349 marque un tournant dans l’histoire monétaire française. Malgré cette intégration au royaume, cette province conserve certains privilèges, dont celui de battre monnaie. C’est dans ce cadre que naît le liard, dont le nom provient de l’ancien français « liart », signifiant « gris », probablement en référence à la couleur argentée des premières pièces.

HENRI IV LE GRAND Liard du Dauphiné à la croix fleurdelisée 1592 Grenoble

HENRI IV LE GRAND Liard du Dauphiné à la croix fleurdelisée 1592 Grenoble, source cgb.fr

Les premières frappes de liards dauphinois présentent une iconographie caractéristique : un dauphin, animal héraldique de la province, orne l’une des faces, tandis qu’un croisillon de fleurs de lys, symbole de la couronne de France, figure sur l’autre. Ces pièces initiales possèdent une valeur de 3 deniers tournois, ce qui en fait une monnaie de faible valeur mais d’usage courant dans les transactions quotidiennes.

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La composition de ces premiers liards révèle leur statut intermédiaire dans le système monétaire de l’époque. Frappés en argent, ils pèsent légèrement plus d’un gramme. Dans l’échelle des valeurs monétaires, il fallait ainsi 80 liards pour constituer une livre tournois, unité de compte équivalant à 240 deniers. Cette position dans le système monétaire français explique l’utilité du liard pour les petites transactions quotidiennes, le plaçant à la portée des classes populaires.

Caractéristiques des premiers liards dauphinois

• Métal : Argent

• Poids : Environ 1 gramme

• Valeur : 3 deniers tournois

• Iconographie : Dauphin / Croisillon fleurdélisé

L’expansion du liard dans le royaume de France

La diffusion du liard à travers le royaume de France s’opère progressivement, suivant les aléas politiques et économiques des différents règnes.

Sous Louis XI, dans la seconde moitié du XVe siècle, le liard connaît une expansion significative au-delà de son berceau dauphinois. Cette diffusion témoigne de l’efficacité de cette petite monnaie pour les échanges quotidiens. Le roi, conscient des avantages d’une monnaie divisionnaire largement acceptée, encourage sa frappe dans diverses provinces du royaume. Certains grands feudataires, avec l’autorisation royale, commencent également à battre leurs propres liards, contribuant à sa propagation.

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Charles VIII poursuit cette politique monétaire après son accession au trône en 1483. La continuité dans la frappe du liard sous son règne consolide la place de cette monnaie dans le paysage numismatique français. Les ateliers monétaires royaux multiplient les émissions pour répondre aux besoins croissants d’une économie en développement. Cette période voit également une certaine standardisation des poids et compositions, même si des variations régionales persistent.

L’avènement de François Ier marque une évolution notable dans l’apparence du liard. Le monogramme « F » remplace progressivement le dauphin sur les pièces, signalant une centralisation accrue et une volonté d’affirmer l’autorité royale jusque sur les plus petites dénominations monétaires. Cette modification iconographique s’inscrit dans une tendance plus large de personnalisation des monnaies par le pouvoir royal, phénomène qui s’accentuera sous les règnes suivants. Malgré ces changements d’apparence, la fonction économique du liard demeure inchangée : faciliter les petites transactions du quotidien.

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Le « liard de France » et ses fluctuations de valeur

L’histoire du liard connaît un tournant majeur au XVIIe siècle, période marquée par des changements significatifs tant dans sa composition que dans sa valeur.

1657 G Monnaie, Louis XIV, Liard de France au buste juvénile, deuxième type  TB

1657 G Monnaie, Louis XIV, Liard de France au buste juvénile, deuxième type TB, Source CGB

En 1649, au début du règne de Louis XIV, une innovation importante intervient : le liard est désormais frappé en cuivre, abandonnant définitivement l’argent qui le composait jusqu’alors. Ce changement de métal s’inscrit dans une logique économique : réserver les métaux précieux aux monnaies de plus grande valeur tout en assurant une circulation suffisante de petite monnaie pour les échanges courants. Malgré cette modification matérielle, le liard conserve initialement sa valeur traditionnelle de 3 deniers tournois, soit un quart de sou.

La déclaration royale du 1er juillet 1654 officialise cette monnaie sous l’appellation « Liard de France », marquant son intégration complète dans le système monétaire national. Cette uniformisation témoigne de la volonté centralisatrice de la monarchie française, cherchant à harmoniser les pratiques monétaires dans l’ensemble du royaume. Les nouvelles pièces portent désormais systématiquement l’effigie royale, renforçant visuellement le lien entre le souverain et la monnaie du quotidien.

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Auteur inconnu — LSH 109461 (sm_dig22857), Domaine public

Les dévaluations successives du liard sous Louis XIV

Ces modifications brutales de valeur illustrent les manipulations monétaires fréquentes sous l’Ancien Régime, souvent motivées par les besoins financiers de la Couronne.

Cependant, cette stabilité s’avère éphémère. L’arrêt du 20 juin 1658 réduit brutalement la valeur du liard à deux deniers tournois, soit une dévaluation d’un tiers. Cette décision bouleverse la hiérarchie monétaire existante, positionnant le liard comme la plus petite dénomination du système, inférieure même au double tournois qui valait quatre deniers. Cette première dévaluation n’est que le prélude à une seconde, plus drastique encore : un nouvel arrêt, promulgué le 20 juillet de la même année, ramène sa valeur à un seul denier tournois.

Ces manipulations monétaires successives reflètent les difficultés financières chroniques de la monarchie française et sa tendance à utiliser la politique monétaire comme outil fiscal indirect. Il faudra attendre 1694 pour que le liard retrouve sa valeur initiale de trois deniers tournois, dans un contexte de réforme monétaire plus large. Cette réévaluation tardive s’accompagne d’une nouvelle émission de pièces, dont la taille et le poids sont ajustés pour correspondre à cette valeur restaurée.

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La fin du liard en tant que monnaie et sa persistance symbolique

Le déclin du liard s’inscrit dans la longue transformation du système monétaire français, entre la fin de l’Ancien Régime et le milieu du XIXe siècle.

Les dernières frappes officielles de liards datent de 1792, à l’aube de la période révolutionnaire. Cette date marque la fin de la production sans pour autant signifier la disparition immédiate de la pièce de la circulation. Dans un contexte de bouleversements politiques et économiques majeurs, le nouveau pouvoir révolutionnaire privilégie l’établissement d’un système monétaire décimal, incompatible avec les subdivisions traditionnelles comme le liard. La loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) institue le franc comme nouvelle unité monétaire nationale, mais l’absence de petites dénominations en quantité suffisante permet au liard de continuer à circuler.

Cette persistance se prolonge de façon surprenante pendant plus d’un demi-siècle. En 1803, dans le système du franc germinal établi sous le Consulat, un liard équivaut approximativement à 2 centimes. Cette conversion tacite témoigne de l’adaptation pragmatique des pratiques commerciales quotidiennes, où l’ancien et le nouveau coexistent par nécessité. Les zones rurales, en particulier, continuent à utiliser ces petites pièces familières, palliant ainsi le manque chronique de monnaie divisionnaire qui caractérise cette période.

La démonétisation officielle intervient finalement le 1er juillet 1856, en vertu d’un décret du 12 mars de la même année. Cette décision administrative met un terme à la circulation légale des pièces de un et deux liards, clôturant définitivement quatre siècles d’histoire monétaire. Pourtant, au-delà de sa disparition physique des porte-monnaie, le liard s’inscrit durablement dans la langue française comme synonyme d’une somme dérisoire. L’expression « ne pas avoir un liard » pour signifier le dénuement complet traverse les générations, perpétuant le souvenir de cette humble monnaie bien après sa disparition.

Le liard au-delà des frontières françaises

L’influence du système monétaire français s’étend bien au-delà des frontières du royaume, et le liard connaît une diffusion remarquable dans plusieurs territoires voisins.

La Lorraine, région aux statuts changeants tout au long de l’histoire moderne, adopte le liard comme monnaie courante. Entre 1704 et 1729, sous le règne de Léopold Ier, des liards en cuivre sont frappés aux armes lorraines. Ces émissions locales répondent aux besoins d’une économie régionale dynamique tout en affirmant une certaine autonomie politique. La circulation de ces liards lorrains s’étend naturellement aux territoires adjacents, facilitant les échanges commerciaux transfrontaliers. Leur aspect diffère légèrement des exemplaires français, notamment par la présence des armoiries ducales, mais leur fonction économique demeure identique.

Les Pays-Bas espagnols constituent un autre territoire où le liard s’implante durablement. Au début du XVIIe siècle, cette petite monnaie s’intègre au système local comme subdivision du kronenthaler, avec une équivalence précise : un kronenthaler vaut 254 liards. Cette adoption témoigne de l’influence économique française dans cette région stratégique. Plus tard, sous le règne de Marie-Thérèse d’Autriche, l’atelier de Bruxelles frappe en 1777 des pièces de 2 liards en cuivre, confirmant l’ancrage de cette dénomination dans les pratiques monétaires locales. L’occupation française de 1794 entraîne l’introduction du franc, mais la mémoire du liard persiste, comme l’atteste l’expression « liard tournois » que l’on retrouve parfois sur certaines pièces de cette région.

Le liard, une monnaie internationale

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La diffusion du liard dans les territoires voisins de la France illustre l’importance des échanges économiques transfrontaliers et l’influence du système monétaire français en Europe occidentale.

De nombreux autres territoires rattachés au Saint-Empire adoptent également le liard comme monnaie courante. La principauté de Liège, le duché du Luxembourg, la principauté de Montbéliard ou encore Sedan intègrent cette dénomination dans leur système monétaire local. Ces adoptions ne sont pas uniformes : chaque territoire adapte le liard à ses propres traditions iconographiques et métrologiques, tout en conservant sa fonction de monnaie de faible valeur destinée aux transactions quotidiennes. Cette diversité d’émissions régionales, unifiées par une dénomination commune, illustre la complexité des réseaux d’échanges économiques dans l’Europe moderne, où standardisation et particularismes locaux coexistent en permanence.

Le liard dans la culture et la société

Au-delà de sa fonction économique, le liard s’est profondément inscrit dans l’imaginaire collectif et la production culturelle française.

Le liard incarne dans la langue française la notion même de petitesse monétaire. Cette symbolique apparaît de façon saisissante dans Les Misérables de Victor Hugo, où les gamins des rues de Paris « se disputent des liards » dans des scènes qui illustrent la misère urbaine du XIXe siècle. Cette utilisation littéraire transcende la simple mention d’une monnaie pour évoquer la condition sociale des plus défavorisés. Le liard devient ainsi un marqueur de classe, permettant à l’auteur d’esquisser en quelques mots tout un tableau social.

La présence du liard dans la littérature française s’étend bien au-delà de cette œuvre emblématique. Paul Gavarni, dans son dessin pour Le Diable à Paris (1846), utilise l’expression « Est-ce que tu couperais des liards en quatre ? » pour dépeindre l’avarice extrême. Honoré de Balzac manie le terme avec une ironie mordante dans plusieurs de ses œuvres. Dans Le Cousin Pons, il évoque un personnage « sans eine liart », jouant sur une prononciation germanisée pour caractériser le dénuement. Victor Hugo, dans Les Contemplations, élève le liard à une dimension presque cosmique en évoquant « un liard de la terre », créant ainsi une image frappante de la petitesse de notre monde dans l’univers.

La réflexion philosophique s’empare également de cette humble monnaie. Jean-Jacques Rousseau, dans Les Rêveries du promeneur solitaire, observe que le plaisir « est plus amie des liards que des louis », établissant une distinction profonde entre les jouissances simples et accessibles, et celles que procure la richesse ostentatoire. Cette méditation sur la valeur relative des choses utilise le liard comme métaphore d’une certaine sagesse qui privilégie les plaisirs modestes mais authentiques.

Une curiosité scientifique témoigne de l’empreinte durable du liard dans la culture française : au XIXe siècle, un banc de calcaire lutétien du bassin parisien fut surnommé « calcaire à liard » par les géologues. Cette appellation provient de la ressemblance frappante entre la pièce de monnaie et le fossile Nummulites laevigatus qu’on y trouve en abondance. Ce détail anecdotique illustre comment cette petite monnaie avait suffisamment marqué les esprits pour servir de référence visuelle commune dans un contexte totalement étranger à sa fonction monétaire d’origine.

Citation mémorable

« La joie est plus amie des liards que des louis. »

— Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire

Le liard, humble monnaie de l’Ancien Régime français, a traversé les siècles en laissant une empreinte profonde dans l’histoire économique et culturelle. Des premiers exemplaires dauphinois du XVe siècle aux dernières pièces circulant sous Napoléon III, son parcours illustre les transformations complexes des systèmes monétaires européens. Au-delà de sa fonction économique, son intégration dans la langue et la littérature témoigne de son impact sur l’imaginaire collectif français. Cette petite pièce raconte ainsi une grande histoire, celle des échanges quotidiens et des représentations sociales dans la France moderne. Sa mémoire persiste aujourd’hui comme un fragment tangible d’une économie disparue, rappelant que l’histoire ne se lit pas uniquement dans les grands événements, mais aussi dans ces objets modestes qui passaient de main en main.

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Guillaume

Passionné de détection de métaux, animé par la découverte et l’exploration. Ma pratique est guidée par un profond respect des réglementations en vigueur, garantissant une approche responsable et éthique.

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